Attaché à proposer à nos membres des expériences toujours nouvelles, le Bol d'Or Club de France poursuit avec acharnement sa volonté de mêler dans les pages de son magazine intelligence théorique et pratique mécanique.

Pour ce nouveau numéro, nous avons décidé de vous livrer quelques lignes de l'oeuvre monumentale (1 kg 500) du philosophe des Lumières (expassionné des deux temps bien entendu !), Emmanumartin Kant et sa Critique de la Dé- raison pure 1 .

Ce célèbre philosophe se penche aujourd'hui sur l'origine de nos sensations sur nos machines préférées et souvent adorées. Non seulement nous les aimons sensiblement mais aussi intellectuellement : c'est la thèse ici soutenue et exposée.

« Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, il n'y a là absolument aucun doute ; car par quoi le pouvoir de connaître devrait-il être éveillé et mis en exercice si cela ne se produisait pas par l'intermédiaire d'objets qui affectent nos sens et qui produisent pour une part des représentations et pour une autre part mettent en mouvement l'activité de notre entendement ? En effet, devant certains objets donnés à notre vision, comme la beauté de nos Bol d'Or, nos sens sont frappés par sa grâce naturelle, par sa ligne fauve, son galbe de réservoir aguichant et sa selle accueillante. Immédiatement nous nous représentons à son guidon pour enrouler avec bonheur tous les virages qui se présentent et moucher tout ce qui bouge. Que celui qui n'a jamais succombé à la tentation m'oblige à rouler sur une Bandit ! Excité par nos sens, notre entendement se met immédiatement en hyperactivité et relâche l'embrayage pour parvenir à satisfaire nos exigences sensibles : comment acheter cette nouvelle moto, comment faire passer à ma femme l'achat d'une autre monture, où la garer dans mon garage, combien va-t-elle me coûter en assurance ?

Tant de questions auxquelles il va falloir rapidement trouver des réponses, ce à quoi travaille notre entendement. En ce sens, nulle connaissance ne précède en nous l'expérience, et c'est avec celle-ci que toute connaissance commence. Expérience sensible donc qui ne peut plus s'oublier et nous oblige à nous activer intellectuellement pour nous satisfaire. Seul celui qui n'a jamais connu l'extase de l'Âme toute entière devant la contemplation de l'objet sacré de nos désirs motards ne peut ici me comprendre. Et avec celle-ci toute connaissance commence car devant l'objet, il faut se rendre à l'évidence : en jouir totalement nécessite une parfaite connaissance de ses entrailles. Arbres à cames, calage de distribution, freinage, bougies, essence, pneumatiques, chaînes, boîtiers d'allumage ne peuvent plus avoir aucun secret pour nous si nous voulons continuer à avaler à son guidon des kilomètres enchanteurs. Les études sociologiques 2 sont d'ailleurs formelles à cet égard : les blondes roulent en Z 750 et non en Bol d'Or ! Le QI des Boldoristes est le plus élevé parmi les amateurs d'anciennes.

De fait, on a coutume de dire à propos de maintes connaissances dérivées de sources se trouvant dans l'expérience que nous en sommes capables parce que nous les dérivons d'une règle universelle. Cette règle universelle est connue de chaque boldoriste et il n'a nul besoin de l'apprendre, il la connaît a priori et peut se formuler de la manière suivante : « J'veux du plaisir, du plaisir, et encore du plaisir ». Nous retirer ce plaisir sur nos montures a le même effet que miner les fondations d'une maison : nous serions voués à l'effondrement. L'universalité du plaisir ressenti avec nos machines est donc une preuve de la validité de notre amour à la fois sensible et intellectuel pour nos machines. Et ici il n'est pas nécessaire de faire appel à la raison pour nous justifier : pannes à répétition, coût des pièces détachées, coût d'entretien, pluie nécessaire lors des sorties, participation de membres belges, fonte inévitable des boîtiers, bougies cramées, tout cela ne saurait remettre en cause notre attachement à nos machines. Restons déraisonnables et additionnons nos plaisirs pour les transformer en JOIE. »