Dialogue
de l’ère postérieure, pourrait être apocryphe.
Socrate,
Poitomarque, Aldante, Nanardème, Nounousis, Plartin
Sur les hauteurs
des collines athéniennes, Socrate contemplait le chemin en
lacets qui menait au Parthénon. Il était accompagné,
dans sa méditation par Poitomarque, Aldante, et Plartin.
Aldante
(toujours prêt à noter les paroles de Socrate pour
le bulletin
qu’il diffusait) lui demanda : « À quoi penses-tu
Socrate ? »
Socrate : « Je vois ces lacets et mon esprit
s’emballe. En les voyant, j’entends les oracles. Un
jour viendra où elle sera honorée par les Dieux. »
Aldante : « Quel honneur les Dieux feront-ils
à ce chemin ? »
Socrate : « Les Dieux seuls le savent, mais
ils le décideront en goûtant le nectar».
Aldante : « Et ils boiront ce nectar dans
un Bol d’Or qu’il porteront à leurs lèvres
divine».
Poitomarque (intervient parce qu’on parle
de nectar et qu’il est un peu « gourmand », pardon
« gourmet ») : « Cet oracle marquera les temps
et longtemps l’on dira que le Nectar jaillira du Bol d’Or
».
Plartin (qui aimait les mots... et en faire) dit
alors : « Pour tout ceux qui aimeront le nectar, Bol d’Or
sonnera à jamais comme une star (1)».
Tout
à coup, nos amis virent au pied de la montée, s’élever
un nuage de poussière duquel émergea un objet ressemblant
à une voile en bois.
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L’incident
était inhabituel et éveilla un sentiment d’inquiétude.
Socrate
: « Ne soyez pas inquiet, je crois reconnaître
Nounousis ».
Poitomarque : « Oui, moi aussi je crois que
c’est lui. »
Aldante : « C’est vrai, il n’y
a que lui pour faire autant de poussière. »
Plartin : « Il a juré qu’il ne serait plus jamais
touché par le Dieu Éole auquel il fait la guerre ».
Socrate : « Depuis il ne se déplace
plus qu’avec une grande protection devant lui. C’est
Rickmanidès, un artisan d’Athènes qui lui a
confectionné ce bouclier. »
Poitomarque : « Rickmanidès, celui
qui a fabriqué les remparts contre Carthage sur le port du
Pirèe ? »
Plartin : « Oui, lui-même. »
Après
l’arrivée de Nounousis, nos amis attendirent que la
poussière se dissipe et reprirent leur méditation.
Socrate
: « Aldante, peux-tu me dire ce que c’est que
la justice ? »
Aldante : « Mais Socrate, rien de plus facile.
La justice, c’est donner à chacun ce qui lui est dû.
»
Plartin : « La justice est donc celle de
la juste distribution ? »
Aldante : « Oui, il n’y a rien de plus
simple. »
Socrate : « Mais alors, les pauvres sont
ceux qui ne méritent rien de plus que ce qu’ils ont
? »
Poitomarque : « Socrate, cela nous ne pouvons
le dire. »
Nounousis : « Voilà qui est vrai.
Il est injuste qu’il existe des riches et des pauvres ».
Socrate : « Oui mes amis, s’il est
injuste qu’il y ait des riches et des pauvres, alors la justice
n’est pas distributive. »
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Alors
que nos amis se trouvaient dans une impasse, Nanardème surgit
de derrière une colonne. Il aimait à d’abord
laisser les autres exposer leurs pensées avant que de venir
à leur secours par un génie qui n’appartient
qu’à lui.
Nanardème
: « Prise en elle-même, la justice distributive
est injuste. C’est la distribution qu’il faut caler
pour que celle-ci ne soit pas injuste. »
Socrate : « Peux-tu nous éclairer
Nanardème ? »
Nanardème : « Une juste distribution
nécessite d’abord un savant mélange qui ne doit
être ni pauvre ni riche : il faut donc ouvrir les portes de
la Cité juste ce qu’il faut. Une fois ce flux de la
richesse réglé par l’a-vis sage, il faut que
la Cité laisse entrer autant qu’elle laisse sortir
: l’admission doit être égale à l’échappement.
C’est la condition de l’égalité. »
Plartin : « Mais comment obtenir cette égalité
? »
Poitomarque : « Comment la mesurer ? »
Nanardème : « Comme nous aimons la
nature, aidons-nous de ce qu’elle nous donne. Regarde cet
arbre devant lequel se repose Nounousis (réputé pour
ses siestes). À chaque bosse de son tronc correspond un niveau
d’entrée et d’expulsion ».
Socrate : « C’est l’arbre à
bosses (2) qui permet la juste mesure et cette
mesure est naturelle : Nanardème, ton discours me plaît.
»
Plartin : « Oui. La justice ne doit ni être
trop pauvre, ni trop riche, mais bien calée par égalité
de l’admission et de l’échappement que l’on
mesure naturellement grâce à l’arbre à
bosses. À cette condition seulement la distribution peut
être juste. »
Cette
nouvelle connaissance acquise, nos amis se séparèrent
heureux. |