BO"jours" version 2.01

En 1977, après avoir usé mes culottes de jeune motard sur une 350 four, je franchis le pas de la grosse cylindrée en achetant une Honda 750 F1, excellente moto, mais qu’est-ce qu’elle était moche !!! Et voilà qu’en 1978, Honda présente une superbe bécane qui dorénavant sera l’objet de tous mes rêves : la 900 Bol d’Or, et en plus, elle sera bleue. En 1981, après moult économies et revente de la F1, elle arrive dans mon garage, bleue et flambante neuve.

Dès le départ, elle se voit équipée de bracelets et d’un superbe carénage DHOLDA endurance réplica (pour mémoire, ce team belge a réussi à imposer une Dholda sur base 900 Bol d’Or aux 24 heures de Liège en 1978 avec l’équipage LUC-BUYTAERT). Ainsi équipée, nous parcourons environ 30000 km dont plusieurs voyages dans les Alpes, Suisse, Italie, Provence.

En 1982, la famille s’agrandit et cela devient difficile de voyager à moto, la Bol est remisée au fond du garage. Sur un coup de tête, nous devenons sidecaristes, à 3 c’est plus pratique, et nous faisons nos armes sur une Yamaha 650 XS et side Précision. Pendant ce temps, la Bol n’est plus assurée et dort toujours au garage.

En 1985, de 3 nous passons à 4, le Précision devient trop petit, et le XS s’essouffle. Nous nous rendons au salon de Paris pour voir ce qui conviendrait comme attelage. Sur le stand de J.L DUPONT, Panda Side-car, trône une Bol d’Or attelée qui a gagné le Tour de France side-car en 1984. génial, on a déjà la moto, le budget pousse un ouf de soulagement !!! Finalement, la Bol sera accouplée à un side DBS. Les attaches et le faux cadre seront réalisés par Panda Side-car. On amène la Bol dans l’Yonne, on va chercher le side à Limoges pour le déposer dans l’Yonne. Un mois plus tard, on récupère le tout et c’est parti pour une grande aventure sidecariste.

Premier voyage en Provence avec les enfants de 4 ans et 1 an, où on se rend compte que, vu l’usure rapide du pneu arrière (150 km !) il est impératif d’investir dans une roue de 15 pouces permettant le montage d’un pneu de voiture. Un très bon bricoleur Anglo-Belge réalise cela au départ d’un moyeu de Bol d’Or, d’une jante Harley et de rayons renforcés. C’est reparti pour les voyages et de nombreux rassemblements side où la Bol attelée fait sensation vu la difficulté d’obtenir l’homologation en France, problème que nous n’avons pas en Belgique

A l’époque, la BO / DBS est mise à l’honneur par un essai dans le regretté « Le Monde de la Moto » et par une couverture du magazine SIDKAR (amicale sidecariste de France). Au cours d’un voyage dans la région de Saint Malo, les rayons de la roue arrière lâchent. Heureusement, la solidarité légendaire des motards se met en route et une chaîne s’organise pour amener la roue près de Cherbourg où André Malherbe, fabriquant de roues et kits side, travaille toute la nuit pour me transformer ma roue rayonnée en roue à bâtons. Le lendemain soir, la moto est prête à quitter Saint Malo pour rentrer en Belgique.


Petit à petit, l’expérience side cariste venant, la conduite se fait de plus en plus musclée et mes petits bras réclament à corps et à cris une fourche à balancier pour faciliter la conduite. Les fabricants sont contactés, personne n’a cela en catalogue ! Pour une Bol, voyons monsieur, vous êtes fou !!!! certains veulent bien la réaliser sur commande, avec délais indéterminés et prix de même … Que faire ? Finalement, je me rends compte que certaines GoldWing ont exactement la même colonne de direction que la Bol, avec diamètre et écartement de fourche un peu différent. C’est plus facile à trouver dans une casse, un peu plus difficile de trouver en occasion une fourche à balancier avec une roue de 15 pouces pour Gold. Avec un peu de patience, tout arrive ! De même que des Fournales spéciaux side pour l’avant et l’arrière. Voilà que de la Bol du départ, il ne reste que le cadre, le moteur et l’habillage

En 1990, les enfants grandissent, le DBS devient trop petit. La Bol a environ 60000 km, la distribution commence à fatiguer, on la change tout le reste est impeccable, on profite juste de l’ouverture du moteur pour changer les segments. Au remontage, je jure pour la première fois sur cette p…. de rampe de carburateurs et cette m……. de boîte à air !!!!tant qu’on est dans les frais, on va chez Christian JEHANNO (CJS Side Car) près de Nantes et on monte un Fox II à la place du DBS.

Waouh, quel bel attelage, et en plus ça tient bien la route, il y a de la place, le side est pratique. Quelle machine à plaisir !!!! Ce side est à mon avis un des meilleurs qui ait existé et Christian est certainement le constructeur le plus sympa que je connaisse, dommage que comme beaucoup de petits constructeurs de side, il a du fermer boutique. La Bol/CJS a encore plus de succès qu’avec le DBS, et à nouveau un essai dans le Monde de la Moto. A 90000 km, après une arrivée plus que pétaradante au sommet de la Bonnette-Restefond (environ 2800 m) à 4 avec bagages pour 3 semaines de camping, je me rends compte que la bête s’essouffle.

Elle retourne une dernière fois à Nantes chez CJS suivie par une CBR 1000. au retour, le Fox II choisit de faire sa vie avec la jeunotte et notre Bol a retrouvé son état d’origine et jouit pleinement de son état de « solobataire ». elle m’emmène au travail tous les jours et on fait de temps en temps une petite virée dans les Ardennes Belges.
Mais le side, c’est comme le chocolat, la bière, les frites mayonnaise, quand on y a goûté, on ne peut plus s’en passer ! Pour ceux qui ont bien suivi, vous vous souvenez, salon de Paris, il y avait un Bol/Panda qui avait gagné le Tour de France Side en 1984. c’est mon nouveau fantasme ! J’veux la même que l’monsieur

Difficile à trouver le Panda sport modèle long, finalement, j’en déniche un près de La Baule. L’achat se fait sur photo, quand on va le chercher, y’a du travail. Quelques semaines de polyester plus tard, il est prêt. Sur base des T de Bol, avec une roue de 14 pouces et un pneu de 165 (car les 15 pouces deviennent difficiles à trouver !!!) je remonte le faux cadre du départ, on fait de nouvelles attaches et voilà, c’est reparti !!! Un voisin me fait une belle peinture bleue Bol d’Or, ça en jette un max, il faut entendre les commentaires sur les parking quand on sort les deux sides, la CBR est verte de jalousie.

Mais la Bol a présumé de ses forces, elle se met à fumer, crachoter et bouffer de l’huile. Je me décide à faire remettre la culasse à neuf. Ouille le portefeuille !!!! Surtout pour une bécane qui ne roule presque plus, mais quand on aime, on ne compte pas dit le dicton. Et au remontage, évidemment, p….. de carbus !!!! La Bol retrouve sa forme, l’été on se tire quelques bourres avec des solos ébahis de se faire taxer par ce side digne du Joe Bar Team, l’hiver, c’est lui qui nous emmène profiter des joies de la glisse sur les routes enneigées des Ardennes.
		A 99000 km et des poussières, voilà qu’un méchant bruit de moteur apparaît, on remet l’opération à plus tard. Mauvaise idée… et un jour la chaîne de distribution casse. Bilan : tendeur et guides complètement mangé et soupe de soupapes. Cette fois, j’en ai marre de faire des frais importants sur cette bécane, le prix prohibitif des joints me suffit amplement, je récupère de la pièce sur des moteurs qui traînent dans mon garage et je la remonte ainsi, on verra bien… Ah oui, p…….. de carbus !!! Elle a repris du service, consomme pas mal d’huile, mais a finalement atteint les 100000 km au compteur. Depuis que je l’ai remontée, elle me claque régulièrement des bougies aux deux cylindres centraux et je n’arrive pas à en trouver la cause.
Mais enfin on lui pardonne, après 22 ans de bons et loyaux services dans des conditions souvent difficiles avec les sides à tirer. De toutes façons, c’est elle qui m’a donné la passion des Bol d’Or et du side, elle terminera certainement ses jours dans mon garage à moins qu’on ne lui greffe un jour un bon moteur plein de santé et qu’elle reprenne ainsi goût aux voyages.

Thierry GRENSON…